Ende
Gelände
2017

stop au charbon. protéger le climat!

  • du 24 au 29 août 2017dans les mines de charbon du bassin du Rhin
  • du 3 au 5 novembre 2017pendant la conférence de l'ONU sur le climat

Début février 2018, rencontre autour des perspectives

Interview avec des activistes internationaux d’Ende Gelände

Article paru le 19/04/2016 sur ak – analyse & kritick n. 615, akweb.de

L’année dernière plus de 1500 personnes ont bloqué la mine de charbon et les excavateurs à Garzweiler, dans la région du Rheinland en Allemagne. Plus de 300 personnes venues de l’étranger ont participé à cette action. En 2016, l’événement “Ende Gelaende” ira en Lusatia (près de la frontière entre l’Allemagne et la Pologne) et l’on s’attend à ce que la participation internationale soit beaucoup plus importante. Plus de 40 personnes de 14 pays différents ont participé aux rencontres de préparation qui ont eu lieu à Berlin du 12 au 14 février. Nous avons demandé : qu’est-ce qui fait que Ende Gelaende soit si attractif pour les gens des autre pays ? Comment peut-on expliquer cette dimension internationale pour cette campagne qui au départ n’était qu’une campagne allemande ? Ende Gelande a discuté de cela avec Juliette Rousseau et Petra Němcová. Juliette est active dans le mouvement climatique en France. Petra est la porte parole du mouvement citoyen contre le charbon « Czech Limity jsme » (Nous sommes les limites).

EG : Vous avez participé à la réunion de préparation à Berlin et vous voudriez vous mobiliser pour Ende Gelaende dans votre pays. Qu’est-ce qui vous motive à être impliquée dans Ende Gelaende?

Juliette: L’action de l’an passé a beaucoup inspiré ceux d’entre nous, en France qui y ont participé. Tout s’est passé de façon un peu spontannée : nous avons entendu parler de cette action par des amis impliqués dans l’organisation et nous avons décidé de venir. Mais nous n’étions pas nombreux et nous avons senti que nous aurions du rameuter plus de monde avec nous. C’est pour cela que nous avons pensé que l’expérience, cette fois, devrait être partagée par beaucoup plus de monde. Aller à Lusatia, participer à cette action ensemble, c’est aussi une façon pour renforcer nos dynamique en France, pour encourager les gens à se mobiliser plus et pour renforcer les connections entre les mouvements au niveau Européen.

Petra : J’étais impliquée dans une lutte anti charbon dans le nord de la République Tchèque, assez prêt de la région minière de Lausitz, quand j’ai vu une vidéo sur Ende Gelaende. Voir ce film était tellement inspirant et énergisant que j’ai décidé immédiatement de contacter les organisateurs pour en savoir un peu plus, et pour savoir s’il allait y avoir une autre action Ende Gelaende. Lorsque j’étais assise en face de la Tour Eiffel le jour J12 après la Conférence sur le climat de Paris, j’ai trouvé un tract qui invitait les gens à rejoindre « Ende Gelaende 2016 » en Lausitz. On était une quarantaine de personnes, de différents mouvements sociaux tchèques, qui étaient venues à Paris pour montrer que nous allions continuer à combattre pour la justice climatique. Ende Gelaende nous a paru alors être l’opportunité parfaite pour retrouver de l’élan. En participanr à « Ende Gelaende 2016 » nous espérons montrer notre solidarité aux populations mises en danger par l’extraction et la combustion du charbon. Nous espérons aussi apprendre à mener des actions de désobéissance civile chez nous, dans la République Tchèque, car le temps est venu de faire un pas de plus et de commencer à réinventer l’avenir vers des systèmes énergétiques justes, démocratiques et écologiques. On a besoin de la désobéissance civile pour atteindre ces objectifs.

EG: Quel type de luttes climatique y a-t-il dans votre pays ? Quelles sont les similarités et les différences avec une action comme Ende Gelaende ?

Juliette : Des luttes climatiques de ce type n’existent pas vraiment en France. Bien que nous ayons été actifs dans des luttes autour de l’énergie (Notre Dame des Landes, Sivens, Roybon) et bien que des groupes d’action plus petits aient ciblé des événements spécifiques ou des institutions, la pluspart de ces mouvements ne s’identifient pas encore comme part d’un mouvement climatique. En même temps, plus intenses sont les luttes, plus dure est la répression. Les actions de masse, quand elles sont bien préparées, peuvent être une moyen de diminuer la répression : des groupes plus grands, avec des objectifs clairs, sont plus difficiles à réprimer que des groupes plus petits. Je pense que nous avons besoin d’apprendre comment organiser des actions de désobéissance civile à grande échelle, plutôt que de laisser l’action au niveau de « petits groupes radicaux heureux ». C’est clair pour moi qu’à plusieurs niveaux, bloquer ou occuper, peut faire en sorte que nos demandes trouvent une réponse beaucoup plus vite, et dans le cas de la crise climatique, l’urgence demande que nous commencions à utiliser cette stratégie plus largement.

Petra : Il y a une autre raison pour la quelle je suis motivée à m’impliquer pour Ende Gelaende : la compagnie de l’Etat tchèque veut acheter des mines de charbon et des centrales à charbon en Allemagne. L’investissement est extrêmement risqué et il n’a absolument pas de sens si l’on prend en considération la situation dans la plus grande région tchèque minière aux alentours de la ville de Ostrava. Le business du charbon est en banqueroute et pour cela environ 15 mille personnes risquent de perdre leur job. Pourquoi aller en Allemagne et prendre le même risque, mais sous le scrutin politique et public allemand, en présence de ‘Energiewende’? L’autre question majeure en relation avec l’énergie est la lutte pour l’arrêt des mines dans le nord la république tchèque, pour lequel les population et les municipalités se sont battus pendant les 25 dernières années. Cette lutte est très similaire à celle de la région du Lausitz. Des décisions à court terme ont déjà mis une région entière dans un désastre social et économique et une autre région en agonie et sans jamais savoir s’il y a un futur pour soi et sa famille dans une région minière où le gouvernement n’a pas été capable de maintenir la promesse d’arrêter l’extraction du charbon. Nous avons besoin de déclarer fortement que le risque lié à cet investissement est énorme. Si la compagnie d’état tchèque CEZ achète les actions de Vattenfall en Allemagne, ils vont aussi acheter une résistance massive. Mais nous avons aussi besoin de montrer que cette résistance est une opportunité pour le développement de systèmes énergétiques plus justes, démocratiques et écologiques. Pour cela je pense que les luttes énergétiques tchèques sont considérées comme faisant partie du mouvement climatique global, malgré le fait que peu de personnes s’identifient à la cause climatique.

EG : Pensez-vous faire partie d’un mouvement climatique transnational ? Quelles sont les caractéristiques de ce mouvement transnational ?

Juliette : Certainement, je pense qu’il y a un mouvement transnational. Il est apparu pendant le processus de la COP et il s’est focalisé sur des solutions institutionnelles pour la crise climatique. Plus récemment, des liens et des connections se sont faites autour d’autres éléments, comme Ende Gelande l’année dernière. La rencontre internationale de préparation en octobre a favorisé la rencontre de groupes européens qui ont formé un réseau appelé Alliance pour la Justice Climatique (Climate Justice Alliance, CIA). Des gens venus des Pays-Bas, France, Royaume-Uni, Belgique, Allemagne, Portugal et bien d’autres pays se sont rencontrés régulièrement à partir de ce moment pour coordonner des mobilisations différentes et partager leur expérience. Mais ceci n’est que le début, je crois que nous avons besoin de renouveler la façon dont on considère la solidarité : au delà de communiquer et de rejoindre les autres luttes, nous avons besoin d’améliorer le partage de notre expérience et nos connaissances. C’est certainement cela que je viens chercher en Allemagne. Je suis impressionnée par les compétences que les Allemands on développé autour de Ende Gelaende, et je veux être sure que cette expérience soit partagée avec des groupe français qui veulent organiser des actions similaires.

Petra : Certainement. Etre à Ende Gelaende c’est une grande opportunité pour apprendre et pour créer des réseaux, exactement le type de coopération qui rend un mouvement plus fort et plus puissant. Nous cherchons un large type de messages, des histoires que nous pouvons raconter à des personnes différentes, avec des histoires de vie differentes, sur l’importance de la lutte pour la justice climatique. Il y a beaucoup d’histoires et elles varient selon les pays. Toutefois ces histoires n’ont pas de frontière, car elles ont toutes le même but : donner de la force aux mouvements. Nous pouvons soit être solidaires, soit perdre cette lutte. Notre objectif n’est pas d’être exclusifs, mais inclusifs. Pour arriver à ça, nous devons faire comprendre aux gens que le mouvement climatique a pour objectif de donner la force aux citoyens de changer les choses pour le bien commun. C’est pour cela que j’aime l’idée d’avoir plusieurs niveaux d’engagement pour Ende Gelaende 2016.

Ilana Krause et Mara Plock sont actives dans le process Ende Gelaende et font partie du group Prisma / Interventionist Left Leipzig.

Infobox

Ende Galaende fait parti d’un mouvement emergent mondial contre l’extraction du charbon. Entre le xx-xx mai 2016, des personnes de cinq continents vont mener une action destructive de désobéissance civile contre l’infrastructure de la catastrophe climatique. Tous ensemble nous montrerons que le temps est venu de se libérer des combustibles fossiles (Break Free From Fossil Fuels,breakfree2016.org/).
Nous faisons partie d’un mouvement mondial qui lutte pour la justice climatique et une transition énergétique globale en partant de la base.